Vélotour France Angleterre Ecosse
Etape 1 (Jeudi 18 juillet) : Montélimar Les Vans
(85km ; 4h15 ; moy :19.92km/h ; max :52.92km/h)
Départ de la maison vers 9h00 heure locale. Je prends la direction de
Chateauneuf du Rhone puis Viviers. Ensuite première difficulté le
« col » de Saint Montan qui suit une pente de 6 7% environ sur 3km
depuis le village. Cette première montée fut compliquée ce qui à le mérite
d’anoncer la couleur pour la suite du voyage, le vélo étant chargé à 35 kilos
environ. J’arrive à midi à Vallon Pont d’Arc et profite d’une baignade bien
méritée dans l’Ardeche parmis les
touristes venus pagayer en nombre sur les flots tumultueux de cette
rivière. Le bivouac terminé je reprends la route en direction de Ruoms et subit
un orage très violent après seulement quelques kilomètres. Une pluie diluvienne
s’abat et m’oblige à m’abriter sous un abri bus pendant 1 heure. Le ciel
redevenant plus clément, je roule en direction de Les vans et pose le premier
campement pour la nuit à seulement 5km de la ville au détour d’un chemin. Fin
de cette première journée.
Espèces observées : Milans noirs (20) ; Martinets à ventre blanc,
à ventre noir ; Hirondelles de fenetres, de rochers ; Insecte non
identifié (ascalaphe ??)
Etape 2 (vendredi 19 juillet) : Les Vans Refuge de
l’aigle (à 10km) (44.89km ; 3h28 ; moy :11.46km/h ;
max :44.66km/h)
Départ vers 9h00, je prends la descente direction Les vans. Après
discussion avec un agent de la propreté, celui ci me déconseille de passer par
le col du Mas de l’Ayre jugé trop difficile et le comparant au Mont Ventou (..)
Je décide d’emprunter un autre passage par les Alauzas. En demandant à remplir
mes gourdes au tenant d’un gite local, celui ci me déconseille vivement à son
tour de passer par ce chemin trop dangereux (très accidenté et caillouteux). Je
décide donc de tenter le passage par le col du Mas de l’Ayre. Presque 15km
d’ascension à 5% de moyenne et des passages plus difficiles auront eu raison de
mes forces. L’effort fut intense. Ce fut éprouvant mais le moral a tenu bon,
comme quoi avec un peu de volonté… Le bonheur d’arriver au sommet fut
incomparable !
L’arrivée à Villefort se fit sous la pluie, je décide de continuer vers le
lac. Etant quand meme bien crevé je cherche à ce niveau un coin pour poser la
tente mais décide finalement de continuer vers Castanet puis l’Habitarelle,
Villespasses et continue encore. Je trouve finalement un coin où dormir dans un
champs. La journée fut rude, les Cévennes magnifique, je ne tarde pas à
m’endormir.
Espèces observées : Milan noir ; Hirondelles de rivages ;
faucons crecerelles (2) ; Allouettes des Champs ; Orvet ; Zygène
de la spirée.
Etape 3 (samedi 20 juillet) : Randonnée au
refuge de l’aigle (environ 20km)
J’avais dans la tete de monter jusqu’au refuge de l’aigle en vélo en
empruntant les chemins de randonnée et rejoindre les sources du Tarn.
N’écoutant que mon courage je me lance tete baissée dans cette
expédition ! Le chemin jonché de cailloux fut très difficile dès les premiers
tours de roues, je dus renoncer à pédaler et donc recouru à ma technique dite
du fourbe (pousser le vélo en somme). A la force de mes jambes et de mes bras
je pus gravir 1km supplémentaire mais le chemin devenant à chaque pas plus
compliqué, je dus avec regret renoncer. Je décidai de partir en éclaireur
reconnaître le chemin et quelque pas plus loin je découvrai les vallées
environnentes.La douce lumière du matin éclairait la vallée. Bercé par le chant
des passeraux le spectacle n’en fut que plus magnifique ! Je décidai de
continuer à pied. Après avoir sécurisé le vélo dans un coin de paturage non
loin du chemin, je pris mon barda et partis à l’aventure. Le chemin sinueux
plonge au cœur de la foret interminable. Tantot foret sectoriale de
Villespasses/Valfournes, tantot foret de bergognon, tantot foret domaniale du
Mont Lozère. Une dizaine de kilometre plus loin, j’aperçus la dernière ligne
d’arbres. Les mésanges noires batifolent et les feuillus disparaissent au
profit des près et paturages. Je me trouve sur le plateau et je domine enfin la
vallée. Une vision panoramique s’offre à moi. Les Cévennes sont belles et ses
formes en révèlent toutes ses compléxités.
Des vautours fauves planent au dessus de moi, je n’ai presque plus d’eau (à
peine un tiers de bidon), signe d’un mauvais présage ? Et toujours pas de
chalet en vue !
Je décide de rebrousser chemin, préférant jouer la sureté.Je redescend
finalement sur le village d’Altier et décide de m’arréter au camping municipal
pour y passer la nuit.
Espèces observées : Faucons crecerelles, pie grièche écorcheur (male
adulte), mésanges noires, vautours fauves et pipit farlouse.


Etape 4 (dimanche 21
juillet) : Altier Pont de Montvert (44.27km ; 3h13 ;
moy :13.69km/h ; max :49.04 km/h)
La veille je me demandais si j’allais pouvoir gravir le col de Finiels qui
permet de redescendre directement sur la commune du Pont de Montvert. Les
premiers tours de roues en décideront ! La journée débute par l’ascension
du col des tribes situé à 1130m. La pente est relativement douce et permet de
faire chauffer les muscles en douceur. L’arrivée fut quand meme laborieuse et
un petit soulagement se fit remarquer passé le col.Deux milans noirs volaient
haut dans le ciel comme pour m’acceuillir sur leur territoire. Je n’ai pas
manqué l’occasion de leur rendre la pareille et dégaina le téléobjectif en
mitraillant à mesure de leur battements d’ailes. La photo obligatoire signant
l’arrivée au col fut faite dans les règles de l’art : genoux à terre,
sourire marqué mais non crispé doublé d’un hourra au combien révélateur. Je
rechevauche fièrement mon destrier d’acier et descends vers le village du
Bleymard pour ravitaillement. Bilan : toujours pas d’essence pour le
réchaud… Le fait de poser la question quand à la disponibilité entraine immédiatement
un étonnement soudain ainsi qu’une réponse négative. Au sortir du village deux
choix s’offrent à moi. Prendre la départementale D20 et rejoindre le col de
Finiels pour descendre sur le Pont de Montvert ou continuer tranquillement sur
la départementale principale pour rejoindre Bagnols les bains puis Mende.
L’idée de la facilité me déplait, mais le col m’effraie. Boire ou conduire il
faut choisir comme dirait le dicton. Je décide de prendre la solution qui me
paraît la plus juste au regard de ce voyage. On tente le col, au pire la
technique du fourbe fera le reste…
Cinq kilomètres de montée à 5% 6% jusqu’à la station de ski puis quatre
kilomètres supplémentaites seront nécessaires pour atteindre le col. Les
premiers kilomètres sont relativement durs, je roule dans l’excitation
d’atteindre un sommet et de profiter d’une vue que j’espére exceptionnelle.
J’aperçois deux vttistes (angais ? italiens ?) sur le bas coté, les
memes qui m’avaint proposé de me pousser (pour m’aider !) dans la montée
du col des Tribes, j’avais poliement refusé l’offre, un cyclotouriste de mon
envergure n’a pas besoin qu’on le pousse, le bitume à lui seul le tracte !
L’arrivée à la station fut rude ! (3 arretes furent nécessaires).Je
m’offre un repos bien mérité ; Je rencontre un pompier de Tournon qui
voyage avec sa famille dont un petit garçon confortablement logé dans une
remorque. Le gars me demande de les prendre en photo puos on discute de ce qui
nous passionne, je leur explique mon projet, mes ambitions, il paraît intéressé
et me demande l’adresse de mon site internet (Penser à en créer un serait une
bonne chose !). Je rencontre à nouveau les vttistes transpirant à souhait
mais débordant de joie. On blague quelques minutes puis partent fièrement à
l’assaut du col, tete baissée et sourire aux lèvres ! Le pompier les suit
également. Je préfère me ravitailler et sacrifie un saucisson irrémediablement
assailli par les multiples coups de lame de mon opinel. J’entame une sieste que
j’espère réparatrice. Vient l’heure du départ. Les premiers kilomètres sont
infernaux, les cuisses me brulent. Je fais une pause et aperçois deux femmes
avec un ane. Compostelle ? Leur dis je innocemment (mais fermement dans le
but d’étaler mon savoir historique régionnal !) Stevenson voyons mon pauvre
ami ! (pour ne pas employer un terme plus péjoratif mais au combien
aproprié). Passé cet affront je gravis les derniers kilomètres jusqu’au panneau
indiquant les 1541m d’altitude du col de finiels. Pause obligatoire et je
renfourche mon vélo. La vallée est fantastique, l’envie de camper dans les
patures est trop tentante mais mes bidons sont vides et l’accès aux patures est
compliquée liée à la surenchère de barbelés. Je redescends donc sur la commune
du Pont de Montvert et trouve un camping. On m’offre un jus de pomme bien frais
en récompense ce qui fait disparaître immédiatement toute fatigue, bref une
bien belle journée !
Espèces observées : Pic vert, Milans noirs (2), bergeronnette grise,
monticole de roche, hirondelles des rochers.
Etape 5 (Lundi 22 juillet) : Le pont de Montvert
Peyreleau (95.15km ; 4h34 ; moy :20.82km/h ; max :
54.53km/h)
Le départ du Pont de Montvert marque le début de la descente des gorges du
Tarn. La journée s’annonce sous les meilleurs auspices ! Thèse vite
vérifiée puisque les pentes parfois raides s’enchainent et la vitesse affichée
au compteur grimpe rapidemment atteignant les 55km/h. Je me plais à ricaner en
croisant certains cyclos montant jusqu’au village que j’ai quitté, leur visage
crispé me rappelle un lointain souvenir… Il est 10h du matin, la lumière est
déjà trop dure pour prendre de belles photos, je prends tout de meme ci et là
les quelques chateaux sortis de nulle part au détour de la route. L’altitude
diminue calmement au meme rythme que mon enthousiasme. Les paysages grandioses
des Cévènnes me manquent déjà ! La chaleur fait aussi son grand retour,
j’en profite pour dire adieu aux deux vttistes passé le village de Quézac. Je
regrettes de ne pas les avoir pris en photo, leur personnalité semblait forte
et respiraient la gentillesse et l’amitié ! Le repas de midi fut partagé
avec trois ouvirères de l’usine d’embouteillement de Quézac, sympathiques à la
discussion aisée. La plus agée débordait de joie de vivire. Elle se plaisait à
raconter comment elle avait été choisie pour tourner le role de silhouette dans
un film régionnal. Une fois remis en selle, j’enchaine les kilomètres sans
vraiment d’engouement. Le dénivellé oscille entre 540m, 520m puis 550m…
Monotone et nerveusement fatiguant dut au balai incessant d’innombrables
monstres d’acier sur roues. Je m’arrete au bord de la route afin d’observer des
figures remarquables faites de plumes planant haut dans le ciel. De nombreux
vautours fauves sont présents aux abords des falaises, gigantesques à présent.
J’en profite pour photographier quelques hirondelles de rocher et repars
aussitôt. Passé 90km je cherche un camping, la fatigue commence à se faire
sentir. J’en trouve un uniquement peuplé de holandais tous équipés de camping
car luxueux. Je m’endors bercé par le chant de moyens ducs en nombre sur le
site, demain sera un autre jour.
Espèces observées :
Vautours fauves, hirondelles de rochers, Tarins des aulnes, sittelle
torchepot, pic épeiche, hiboux moyen duc.
Etape 6 (Mardi 23 juillet) : Peyreleau Rhodez
(82.71km ; 4h29 ; moy : 18.42km/h ; max 74.71km/h)
Je me leve de bonne humeur et m’empresse d’aller récupérer ma baguette de
pain chez le gérant du camping. Je prépare mes affaires et quitte mes collègues
hollandais avec leurs encouragements. Pas un nuage à l’horizon, la journée
s’annonce radieuse. En continuant en direction de Millau, je bifurque et prends
la route menant à Rhodez. Commence alors une sérieuse et longue cote de 10km
pour enfin atteindre les hauteurs et bénéficier d’une vue comme toute agréable
sur la vallée. La chaleur ne se fit pas attendre. Je n’ai de cesse d’essuyer
mon visage inlassablement noyé par des ruisselement de sueur. Je suis obligé de
faire des pauses pour m’hydrater toutes les 20min. Je dévalise mon stock de
barres de céréales. S’enchainent des suites de montées descentes interminables.
Je n’ai jamais vu une route autant vallonnée. Des montées dantesques suivit de
pentes à 10 ou 12%. Cela me permet de battre mon record de vitesse :
74.71km/h au compteur ! Quand vient la pause de midi, je suis
littéralement démoralisé ! La région qui s’offre à moi me paraît bien fade
en comparaison. Pas un sommet à gravir, plus un seul col de montagne, juste un
enchainement de colline… Je finis la journée en poussant jusqu’à Rhodez où je
plante ma tente dans le cmaping municipal en réfléchissant dubitativement à la
suite incertaine de ce voyage. La nuit porte conseil, cette journée m’a sappé
le moral.
Espèces observées :
Milans noirs, geai des chenes, grimpereau des jardins, pic vert, rouge
queue noir.
Etape 7 (Mercredi 24
juillet) : Journée repos TER Rhodez Neussargues
Après mure réflexion je décide de céder à la tentation qui m’a hanté une
bonne partie de la nuit (orageuse qui plus est). Je prends donc fébrilement mon
billet de train direction le Cantal au départ de la gare de Rhodez. J’abandonne
sans chagrin l’Aveyron, cette terre hostile à qui veut bien s’y aventurer. Je
rencontre un jeune couple de cyclotouristes qui eux ont adoré la région semble
t il, les termes « merveilleux », « bonheur » et « magnifiques »
revenaient de nombreuses fois au fil de la conversation… Preuve que fatigue et
moral en berne vous font surement auculter la vraie beauté des environs. Après
3h de vagabondage incessant, j’aperçois un environnement plus plaisant. Pentes
escarpées, petits ruisseaux et foret, l’enthousiasme refait surface à grands
pas ! Je me rends au camping de Neussargues et fait connaissance avec un
jeune écossais voyageant à vélo.Après 23 jours il a à son actif près de 2000km.
Parti d’Alsace il se rend à Biarritz, je lui souhaite bon voyage !
Etape 8 (Jeudi 25
juillet) : Neussargues Espinchal (73.71km ; 4h23 ;
moy :12.42km/h ; max :48.15km/h)
Je décide de prendre la direction d’Allanche en passant par les petites
départementales. Une fois arrivé, baguette de pain en poche et croissant pur
beurre ingurgité, je me précipite vers la librairie la plus proche pour me
ravitailler en cartes IGN. Après lecture de cette dernière, je prends la route
de Condat ou je fais l’erreur de redescendre dans la vallée en passant le col
de la rieu (1097m), longeant le vélorail. Après la pause de midi je décide de
reprendre de la hauteur en passant par Chanterelle en direction d’Egliseneude
d’Entraigues. La montée est rude, le prix à payer pour mes erreures de
navigation sans doute…
Je prends le chemin du Bac, passe Lascombe et me vient l’idée saugrenue
d’emprunter le chemin du Cézallier. C’est un chemin de randonnée qui
s’annonçait sympathique sur la carte. Intéressant sans doute à pied, à vélo
chargé nettement moins… Je dus pousser comme un forçat mon attelage d’acier à
roues et ce sous un soleil de plomb. Le panorama de la région vaut quand meme
le coup d’œil à ce niveau. Le chemin bouclé, je me trompe de route et redescend
sur la Godivelle et ses fameux lacs de tourbe. Des canards colverts y
barbottent tranquillement. Faute d’observations ornithoogiques intéressantes je
file sur Espinchal pour y passer la nuit.
Espèces observées : Milans royaux, pipits farlouses, canards colverts,
pinsons des arbres, Chardonnerets élégants, pic vert.




Etape 9 (Vendredi 26
juillet) : Espinchal Lac d’Aydat (51.96km ; NC ;
moy :18.22km/h ; max : 61.30km/h)
Le réveil fut difficile, la journée d’hier ayant laissé quelques traces…
Pour la première fois la tente est parfaitement sèche ! Je fais mon
paquetage et pars à l’assaut du col de la Chaumoune où j’espère apprécier la
vue. La montée suit un rythme agréable, tout seul sur la route j’apprécie la
tranquillité et la beauté des environs. Le paysage se pare quand à lui d’un fin
manteau de brume, ce qui l’embellit aussitôt. J’aperçois un lac, j’en profite
pour faire quelques photos. Un héron cendré décolle brusquement et sort du
bois. Il file en rase motte sur le lac et laisse ses rémiges effleurer l’eau.
Des poissons semblent effrayés de son passage et rejoignent instinctivement les
profondeurs, laissant des remous en surface. Je continue ma route sur cette
belle image. J’arrive au col sans effort mais la vue me laisse un gout amer. Je
repars en direction de Compains en suivant la D36 pour rejoindre le lac de
Bourdouze. La montée provoque immédiatement une montée de température. Arrivé
au niveau du puy de Montcineyre un touriste me félicite pour ce que je fais, je
l’en remercie. Le lac de Bourdouze est un ancien lac glaciaire, terrain de jeu
formidable pour pecheurs occasionnel. Deux individus sont cencentrés sur leur
canne. L’un d’entre eux aura une belle truite (4 kilos à vue de nez). Au bord
du lac, une femelle grèbe huppée est en pleine couvaison, je ne m’approche pas
pour ne pas la déranger. Je me repose un peu, mes jambes n’ont plus leur
capacité motrice d’il y a quelques jours. Une demi heure après, je me remets en
selle et roule vers Besse. Je prends la D5 pour Muroi, contourne Chambon et
attaque une sacré cote. Je poursuis difficilement vers Aydat. Trouvant le
panorama magnifique je décide de prendre quelques photos pour mettre en valeur
la chaine des puys. Je rejoins le camping du lac d’Aydat. Demain Clermont
ferrand, ensuite ??
Espèces observées : Milans royaux, buses variables, grèbes huppés,
pipits farlouses, chardonnerets élégants.




Etape 10 (Samedi 27 juillet) : Lac d’Aydat Clermont Ferrand Montluçon (105.6km ; 5h40 ; moy :18.63km/h ; max :75.14km/h)
Je quitte le camping du lac d’Aydat avec le sourire. Visiblement c’est le
branle bas de combat au niveau logistique, le patron est dans tous ses états et
vocifère à tout champs.Cela a le mérite de me rappeller le bon vieux temps des
boulots saisonniers avec ses envolées lyriques trop souvent associées. Pour
rejoindre Clermont Ferrand, j’ai droit à deux petites cotes me permettant de me
mettre en jambe immédiatement. S’ensuit alors une descente vertigineuse à plus
de 8% sur presque 10km. L’arrivée à Clermont Ferrand se fait donc sans effort
particulier. Arrivé à la gare, je constate avec l’opératrice qu’il n’y a aucun
train pouvant desservir la gare de mon choix (travaux sur les lignes). Je
décide de réfléchir puis de me restaurer dans une fière échoppe servant viande
de mouton tranchée habilement présentée
dans un écrin de viennoiserie, bref un kebab. Le ventre plein je retourne à la
gare. Je prends la direction de Gannat afin de me sortir du sarcasme
grandissant de cette ville. Dans le train je discute avec un infographiste 3D
qui semble intéressé par mon voyage. Il me conseille de passer par le mont
Saint Michel, vaisje suivre son conseil ? Arrivé à Gannat j’enfourche mon
fidèle vélo direction Montluçon. La route se dessine très vite en une
répétition de cotes et descentes. Je monte péniblement la « bosse »
culminant à 720m d’altitude. Les routes sont très vallonnées dans ce coin de
pays, j’ai donc formaté mon cerveau pour l’occasion, je n’ai qu’à serrer les
dents, le corps fait le reste… Je débarque à Montluçon dans l’espoir de trouver
un camping municipal en plein cœur de la ville. L’office de tourisme enterre
très vite mon optimisme et m’en indique un à 5km à l’extérieur de la ville. En
m’approchant du camping le ciel devient menaçant. Teinté d’un vert émeuraude,
celui ci témoigne de son mécontentement. Une tempete arrive et de violents orages
ne tardent pas à éclater. Je monte ma tente fiça sous les gouttes de pluie. Je
suis crevé !
Espèces observées : Milans noirs.
Etape 11 (Dimanche 28 juillet) : Montluçon
Vierzon (journée TER)
Le réveil est difficile. Harcelé par les orages, j’ai cherche le sommeil
une bonne partie de la nuit. La tente a parfaitement joué son role, pas une
goutte de pluie n’est à déplorer à l’intérieur, mes affaires sont sèches. Le
ciel s’éclaircit peu à peu, j’avale ma mixture matinale (flocons d’avoine et
muesli) sans grand appétit. Je prends le vélo et me dirige au grès du vent sans
idée précise d’itinéraire. Je prends ma boussole et file plein nord. La moindre
cote est une souffrance morale. La tete ne veut plus et le corps fatalement
suit le meme raisonnement. Je déploies ma carte routière bien trop imprécise.
Quelle direction prendre ? Chateauroux ? Guéret ? Des grosses
nationnales, des départementales bondées ? Trop de questions pour un
dimanche matin… Je file à la gare de Montluçon afin de m’enquérir d’un billet
pour Nantes. La charmante hotesse m’apprend qu’il y a bien un train au départ
de Montluçon vers Nantes, arrivée 23h20. Je décide de faire le trajet en deux
jours. Deux jours de train, deux jours sans vélo, deux jours de néant mais deux
jours à réfléchir aussi sur le bien fondé de ce périple. Il est clairement
vital que l’environnement dans lequel je circule m’offre de l’émerveillement.
Les Cévennes, les grandes Causses, les Monts d’Auvergne m’ont plus d’une fois
permis de réver, d’observer, de poser le regard. Avaler du bitume avec pour
seul horizon le tube central de mon vélo est un non sens. La machinerie devient
quaduque, il faut changer d’horizon de manière radicale.
Espèces observées : buses variables.
Etape 12 (Lundi 29
juillet) : Vierzon Nantes Nort sur Erdre
Le récit de cette journée sera plutot court. Observer le balai incessant
des voyageurs se déplaçant de gare en gare grimace au visage n’a rien de
vraiment passionnant… Je croise quelque cyclos, d’un signe de tete quasi furtif
le salut devient presque automatique. Au changement pour Nantes à Saint Pierre
des Lors, je rencontre un couple voyageant à vélo et remorque. Ils peinent à
rentrer leur matériel dans le wagon et doivent finalement démonter en hate la
remorque. Vu le nombre assez halucinant de bagages en leur possession, ils ne
tardent pas à bloquer de manière définitive l’accès arrière et avant aux autres
wagons. Grosse panique à la SNCF ! Les cyclotouristes sont rappellés
immédiatement à l’ordre par le chef de quai bien épaulé par les directives
grondissantes de l’automate humanoide. Je reste à ma place, l’air stoique,
basta ! Arrivé à Nantes je cours à l’office de tourisme prendre des
informations sur le canal de Nantes à Brest. Devant l’entrée, un motobécane
d’un autre age équipé de sacoches arkel siège fièrement. A défaut de Québécois
je rencontre un bostonien de passage en France. On discute voyage à vélo donc,
de nos péripeties liées au continent Nord Américain le tout très cordialement,
puis nos chemins se séparent. Le traditionnel Kebab (marque désormais déposée
dans ce voyage) du midi digéré je me lance à la poursuite du canal. Après
plusieurs erreurs d’aiguillage, me voilà finalement sur les bons rails. Je dus
volontairement freiner mon allure guillerette pour réparer une crevaison, ma
première après presque 600km. Mon pneu arrière montre des signes de lassitude
évidents. Les nombreux « pfff pfff » émis par la pompe à vélo ne
l’aideront pas à se remotiver. Des kayakistes voguant paisiblement sur le canal
me souhaitent bon courage. Je les remercie poliement. Je croise l’éclusier qui
s’attarde un instant sur mon triste sort, d’un air confiant je fais disparaître
toutes traces d’inquiétude. N’ayant qu’un modeste fond de bidon d’eau, j’en
profite pour lui demander où me ravitailler. Celui ci me rétorque qu’aucune
source d’eau potable n’est disposible dans les environs. A contre sens je me
dirige vers l’écluse où une habitante du coin me confirme ses dires. Avec une
extrème gentillesse, elle m’offre une bouteille d’eau minérale. Je repars donc
dans l’autre direction jusqu’à Nort sur Erdre pour y trouver le camping
municipal. Demain annonce une journée tranquille, comme un air de vacances, je
suis serein et reposé, o joie !
Espèces observées : hirondelles rustiques.
Etape 13 (Mardi 30 juillet) : Nort sur Erdre
Redon (83.22km ; 4h33 ; moy :18.25km/h ; max :
30.83km/h)
A peine touché le bitume du canal, j’ai dans l’idée de passer la barre des
150km ! Généralement l’ambition est au plus haut dès les premiers coups de
pédales.Vent du nord, pluie fine, un petit 15 degrès auront raison de ma
vantardise… Je retrouve les « joies » des chemins de halage et de ses
plaisanciers. J’enchaine les passages d’écluses en doublant quelques cyclos
sans vraiment d’échanges… L’approche vélistique est complètement différente de
ce que j’ai pu rencontrer sur des terrains plus escarpés. Le temps des
congratulations communes au passage d’un col sont désormais révolues, le simple
« bonjour » est ici de mise, ou latitude rime ineroxablement avec
platitude. Les kilomètres s’enchainent dans la plus profonde indifférence, je
ne fais que regarder le compteur, le paysage façonné par l’homme est à son
image, sans surprises ! Je m’arrete à Redon avec un peu plus de 80 km. Je
suis fatigué, je cherche un camping, pose mes affaires, m’écroule, la pluie et
le vent redoublent d’intensité, grrr !
Espèces observées : Buses variables, geai des chenes, grands
cormorans, grive litorne, cigognes blanches, héron cendré.
Etape 14 (Mercredi 31
juillet) : Redon Rohan (97.38km ; 4h45 ; moy : 20.43km/h ;
max : 28.16km/h)
Avant de partir j’interroge le responsable du camping quand à l’existence
de containers pour recycler les bouteilles de gaz. La réponse fut laborieuse et
le regard fuyant… Je leur laisse donc en souvenir, peut etre auront ils la
présence d’esprit d’en mettre à disposition des capeurs dans un futur proche.
Je rejoins le canal et croise les deux filles randonneuses croisées la veille.
Randonner sur un canal me paraît quand meme etre une idée bien saugrenue…La
route me semble déjà suffisamment longue à vélo… (bref ! je suis
ronchon !)
Je rejoins le canal et croise 2 randonneuses à pied. Je ne peux m’empécher
de m’interroger sur l’utilité d’un tel périple, la route me semble déjà bien
longue en vélo… (bref) Je roule à l’allure suivante : 22km/h et semble y
rester fidèle. Passé les 30km, le canal s’élargit un peu et ressemble de plus
en plus à une rivière sauvage avec ses nombreux bras et sa végétation typique
(non loin de l’ile aux pies). Les falaises plongent à pic dans cette langue
couleur émeraude. Ce paysage me surprend et me rappelle la rivière des
Outaouais au Québec. Le charme se rompt hélas non loin de là. Le canal retrouve
ses bras d’aciers qui le tenaille tel un cercueil de métal. Au détour d’un virage,
je croise un canoetiste qui m’harangue au passage en me demandant de l’aide
dans l’énergie du desespoir. Son canot est trop lourd pour qu’il puisse le
déplacer seul juqu’à l’embarcadère. Je l’aide volontiers, la discussion
s’installe naturellement. Il me raconte son voyage sur la Loire, il rentre chez
lui par le canal. Je lui raconte à mon tour ce que j’entreprends de faire.
Connaissant le territoire anglais, il me conseille les Cornouailles ainsi que
le pays de Galles. Les midlands sont, selon lui, à oublier. Je le laisse lui et
son chien (apparemment pas aimable pour un sou) avec son canot désormais à l’eau. J’enchaine
paisiblement les kilomètres jusqu’au village de Josselin. Je m’offre une pause
à l’ombre d’un bel arbre profitant d’une vue magnifique sur le château des ducs
de bretagne. D’un air bonhomme un ex biker vient me taper la causette. Il me
raconte ses voyages à moto avec sa troupe et me parle notamment de l’Ecosse
qu’il a adoré. Il repart de son coté, j’en profite pour reprendre la route. Les
jambes commencent à tirer, je finis la journée en arrivant au camping de Rohan.
Je m’installe à coté d’une cyclotouriste qui me fait part de son expérience en
matière de voyage à vélo. Elle me raconte ses péripéties en Amérique du sud
qu’elle a traversé durant trois mois jusqu’au Salar d’Uyuni. Elle m’offre du
pain d’épices de la région, délicieux.
Etape 15 (Jeudi 1er
Aout) :
Rohan Glomel (105.48km ; 5h38 ; moy :18.68km/h ; max :
42.19km/h)
Je reprends tranquillement le chemin du canal après un réveil difficile et
des préparatifs qui se sont une fois de plus éternisés (départ 9h45, levé à
8h00).Le temps est au beau fixe, pas de vent, paré pour rouler ! Je fais
mon bonhomme de chemintranquillement mais surement et me rends sous les coups
de midi dans la ville de Mur de Bretagne. Je souhaite me trouver un coin sympa
pour casse crouter et décide de quitter le canal pour me rendre au lac de
Guerléan. Les abords du lac est bondé d’une masse rougeoyante de touristes
bedonnants. Je me trouve un coin à l’ombre et prépare mon repas bien frugal. Un
couple me propose un quignon de pain que j’accepte cordialement par principe et
selon leur version officielle pour ne pas gacher la nourriture… Mais est ce la
bonne raison… Fais je tant peine à voir ??
Pas grave il me manquer ce support de farine et de céréales pour acceuillir
mon modeste fromage, devenu bien difforme sous l’effet de la chaleur. Le repas
ingurgité, je repars et reprends le canal. J’emprunte les voies vertes mais
n’arrive plus à avancer. Plus l’envie, plus le moral, les quelques cotes
montées ont haché menu mon mental
déjà bien malmené ! L’ Ecosse me semble encore bien loin. Au détour d’un
virage j’aperçois un immense château et nombre de personnes qui s’activent.Un
spectacle se prépare dans l’abbaye de Gouarec. Je décide de m’y arréter et de
visiter un peu le coin.J’aperçois un cyclo. Remorque affublée de linges séchant
au vent, sacoches de part et d’autres, souriant généreusement, je lui adresse
mes salutations. On discute donc, (entre dromois), échangeant de nos
précédentes aventures en vélo. Celui ci voyage avec sa famille (dont ses trois
enfants). Je leur parle de mon projet, de mes difficultés et me conseille de
prendre un peu de repos. Il me semble raisonnable de l’écouter ! J’arrive
difficilement au camping de glomel avec la ferme intention de rejoinre Roscoff
le lendemain !
Etape 16 (Vendredi 2 Aout) : Glomel Morlaix
(136 km; 7h15)
Je pars en vitesse du camping, passe chercher ma baguette de pain et mon
croissant au beurre chez la boulangère et reprends le canal. Les kilomètres
s’enchainent sans grande surprise et la route m’amène ainsi à Carhaix Plouguer.
Je décide de faire le plein de victuailles et me ruine en produits bio dans une
boutique spécialisée. Les prix affichés sont repoussants mais me munis non sans
fierté d’un paquet de pates bio à 1.70 euros les 500g… Enchainant les actes de
dépensites aigues, je me deleste d’un billet de 20 euros pour 5 malheureux
articles. Le saucisson fut degusté avec parcimonie ce jour là. Je reprends le
canal par erreur et perds environ 40km avant de retrouver la bonne direction…
L’espoir d’atteindre Roscoff ce jour là fut vain. Je repère un village nommé
Poullaouen en y espérant y faire halte pour la nuit mais ce fut encore un
échec. Les jambes commencent à se faire lourdes mais je décide de pousser quand
meme jusqu’à Morlaix. Une fois arrivé à la baie je ne trouve aucun camping.
Seuls des hotels à 60 euros la nuit semblent etre la seule accomodation
possible. Je tente l’auberge de jeunesse et me retrouve en compagnie de 3
cyclos achevant un tour de bretagne. Ce soir je suis crevé et tente en vain de
trouver le sommeil parmis le vacarme ahurissant du ronfleur au maillot à poix.
Demain Roscoff !
Etape 17 (Samedi 3 Aout) : Morlaix Roscoff
(49.79km; 3h09; moy :15.79km/h ; max : 45.68km/h)
Les lamentations tonitruantes de mon voisin cycliste n’ont cessé de me
harceler toute la nuit. Le réveil fut donc laborieux. Je décide de prendre mon
temps afin de rejoindre Roscoff dans l’après midi. Le paquetage enfin prêt, je
décolle vers 11h et commence de bon train en prenant le mauvais chemin. Je
cherche dans toutes les directions et arrive péniblement à trouver la bonne
voie. Au détour d’un chemin sur le haut d’une colline, j’aperçois enfin la
mer ! Je me sens dans la peau d’un aventurier trouvant de nouveaux
horizons ! L’Angleterre m’ouvre enfin ses bras. Roscoff n’est plus qu’à
une poignée de kilomètres. Je pédale dans les pentes escarpées que m’offrent les
rues des villes portuaires. Chemins étroits et hautes herbes dessinent le
paysage. Je m’arrete un instant pour observer quelques limicoles. Chevaliers
gambettes, guignettes, sylvains mais aussi goélands et mouettes semblent etre
maitres des lieux. D’énormes poissons arpentent les bras de mer qui est
exceptionnellement basse. J’arrive à la gare maritime de Roscoff et demande les
horaires des ferrys. Je me repose en ces lieux un instant. Je me réveille
quelques dizaines de minutes après l’air agard arpentant les rues de Roscoff d’une
allure nonchalante. Je réconforte mon estomac d’un biscuit breton et me dirige
vers la plage la plus proche afin de profiter de la mer. La vue y est
reposante. Un homme dissimulé derrière des rochers s’amuse à nourrir un goéland
des restes de ses fruits de mer. Leur complicité est amusante. Il m’aborde d’un
air bonhomme dans l’espoir d’y trouver une oreille receptive. Il me parle des
personnes qui l’exaspérent en clamant haut et fort qu’elles ne savent pas
profiter de la vie, me répond en calembours. C’est à n’en point douter un sacré
personnage ! Tantot marin, assureur, CRS, il me raconte son expérience de
la vie, ce qui l’a conduit à penser d’une telle manière… Je l’écoute avec
grande attention et je me plais à acquiéscer aux moindre de ses propose car je
l’y rejoins sur le fond. Il repart en me serrant la main et me félicite pour
mon bout de chemin. Je finis par poser ma tente au camping et déguste une bière gentiement offerte
par un jeune couple d’italiens.
Espèces observées :
Chevaliers gambettes, sylvain, guignettes, aigrette garzette, goélands
leucophées, marins, mouettes rieuses, courlis corlieux.
Etape 18 (Dimanche 4 Aout) :
Repos à
Roscoff
Je profite de cette journée pour photographier les bécasseaux variables
venus nombreux sur la plage. Quelques bons clichés en boite je reprends la
direction de ma tente et pique une bonne sieste, demain j’embarque pour
l’Angleterre !
Espèces observées :
Bécasseaux variables, hirondelles rustiques, huitriers pies, aigrette
garzette.
Etape 19 (Lundi 5 Aout) : Roscoff plymouth
Branle bas de combat à 6h du matin, direction la gare maritime pour
l’embarquement. J’avance gaiement assoiffé par de nouvelles aventures qui se
dressent à l’horizon. Je présente fièrement mon passeport, passe la douane et
monte dans le ferry. En amarrant solidement mon vélo, un matelos vient me
parler en me demandant le parcours de mon voyage.Il semble interessé car lui
aussi passionné de voyage nature. Etudiant en biologie il projette de monter un
concept alliant science et sport. Nos chemins se séparent, je le salue et monte
sur le pont. Je quitte Roscoff vers 8h30 et tente quelques photos de goélands.
La terre vient à disparaître et je me régale de la vue que m’offre la mer. La
traversée se fait sans encombres. Je débarque en discutant avec des cyclos
français qui projettent de rouler dans les cornouailles. La pluie s’abat sur le
centre ville de Plymouth. Un peu perdu je commence ma quete d’informations et
me dirige au Civic center pour obtenir une carte des pistes cyclables. Je me
lance un peu au hasard, enchainant les aller retour, puis décide de poursuivre
sur ma lancée, plein Nord. Au beau milieu d’un square j’aperçois une famille de
cyclos, des français ! 2 enfants, 2 couples forment ce groupe. Nous décidons
de faire route un moment ensemble. Tous se révèlent d’une exceptionnelle
gentillesse. Nous cherchons ainsi, le soir arrivant, un endroit pour camper. Au
détour d’un chemin, des ornithologues s’affairent. Des faucons pélerins ont
établi leur nid dans le creu d’une falaise. Les cris des juvéniles déchirent le
silence de la foret. Je manque une belle photo mais me régale du spectacle.
Nous repartons ensemble et trouvons un champs. Le propriétaire accepte que nous
campions et nous branche une sortie d’eau ! Le feu de bois crépitera,
après de nombreuses tentatives, la journée aurait pu etre pire !
Espèces observées :
Goélands marins, courlis corlieu, chevalier aboyeur, tadorme de belon,
faucons pélerins.
Etape 20 (Mardi 6 Aout) : Bickeley Bickeley
Le mari d’Anne vient nous rejoindre dans la matinée dans un vacarme
tonitruant. Débarquant de nulle part et à toute allure, il tente de provoquer
un réveil explosif au sein du groupe, pari réussi !
Je me lève intrigué et en profite pour faire sa connaissance. Ayant oublié
son passeport la veille, il dut retarder son voyage d’une journée le temps de
rejoindre le groupe. Les préparatifs furent plutot laborieux, le voyage en
groupe s’appréhende d’une différente manière… Nous partons donc sur le coup des
11h30. Nous enchainons très vite quelques cotes plutot raides. Ce coin
d’Angleterre semble très vallonné. Après quelques bons efforts et poussées de
sueur, mon pneu arrière s’essoufle et finit par crachoter. Le bougre,
crevaison ! A peine cinq kilomètres et déjà me voilà ralant à farfouiller
dans les sacoches pour trouver les bons outils. Après inspection, mon collègue
s’improvise très tot comme mécanicien vélo. Son constat est alarmant, mon pneu
est foutu ! Je constats amérement la réalité des faits. Après mure réflexion
je décide de retourner à Plymouth acheter des pneus neufs. Je fais donc, avec
regret, mes adieux à ces personnes qui ont été d’une grande gentillesse. Mon
retour à Plymouth fut compliqué ! Je me trompe de chemin et dévie sur un
quartier à l’Est de la ville. Le magasin ou je prévoyais l’achat de mes pneus
ont l’idée saugrenue de n’avoir qu’un pneu par modèle (pas de paires possible),
hallucinant. Commence alors une longue quete pour trouver un bikeshop. Après
trente minutes de recherche infructueuse, j’obtiens finalement mes pnematiques
flambant neufs. J’en profite pour faire des courses dans un magasin du coin et
me charge de cinq kilos supplémentaires de vivire pour 20 livres. Je reprends
la route vers 18h et espère trouver un coin pour dormir dans le parc. Je
repasse vers le site aux courlis corlieu, un ornithologue observe avec sa
longue vue. Nous échangeons mais cela restera compliqué, le lexique
ornithologique français étant complètement différent du lexique britannique. Je
lui explique mon projet et il me félicite, je reçois en prime ses
encouragements. Je l’en remercie chaleureusement et remonte sur mon vélo
affublé de mes pneus neufs non montés. Direction le spot à faucons pélerins.
Arrivé à destination je ne suis pas déçu ! Les faucons juvéniles m’offrent
un spectacle sans précédent, je les immortalise en photo. Un couple de vttistes
les observent également, nous discutons un peu et me souhaitent le meilleur
pour la suite. Plus tard un ornitho à la barbe démesurée vient à son tour. Nous
discutons également.Le dialogue est aisé, nous échangeons quelques mots et
parlons oiseaux. Je lui montre mes photos, le flegme britannique opère et
m’offre un discret sourire. Après les salutations d’usage, je reprends ma
route, évite un bambin qui s’encastra plus loin dans le pont et sous des pleurs
et des cris de douleur, je m’enfonce dans la pénombre du parc nationnal du
Dartmoore. Je refais le chemin du matin et atteint le coin que j’avais repéré
pour camper. Je pose ma tente dans un coin idéal, je suis juste ravi de cette
journée.
Espèces observées : Courlis corlieu, aigrettes garzette, tadorne de
belon, fauons pélerins, cerfs, biches et un lapin.
Etape 21 (Mercredi 7 Aout) : Bickeley Bridestowe
(50km; 3h23; moy :14.05km/h ; max : 47.53tkm/h)
Je me réveille en ayant dans l’idée
de quitter le campement sans trop perdre de temps. Le petit déjeuner
ingurgité, je m’attaque à la réparation du vélo. Je change les pneus sans
encombres et en profite pour nettoyer ma chaine. Le vélo fin prêt, je reprends
la direction de la « National cycle network 27 ». Chemin faisant
j’arrive à Travistock, une ville de pierre à l’anglaise. En me trompant de
chemin, je me fais littéralement agressé par un excité. Cet olibrius me
vocifère ces mots dans la langue de shakespeare « You are on the
pathway… » je taierais les mots suivants. Je ne l’écoutes pas et retourne
au centre ville direction le centre d’informations. Cartes en main je m’apprete
à partir quand j’aperçois la petite famille de cyclos que j’avais quitté la
veille. Nous reprenons le chemin ensemble à l’allure modérée. Nous empruntons
de vrais passages tout terrains faisant fuir moutons, chevaux et poneys sur
notre passage. Certains endroits sont techniques mais cela pimente la chose et
rend l’aventure un rien plus piquante. Nous nous offrons une pause dans un bar
ou nous dégustons des bieres locales. Nous reprenons la route pour le campement
en empruntant une belle cote a plus de 10%. Ce soir nous dormons dans un
champs.
Espèces observées : Tarier patre, chevreuils, buse variable.
Etape 22 (Jeudi 8 Aout) : Bridestowe
Sheepwash (47km)
La nuit fut bonne et je me réveille en forme. Quelque réglages mécaniques
plus tard, la troupe est prete et nous partons sur le coup des 10h. Nous nous
séparons en deux groupes et prévoyons de nous retrouver à Oakhampton. La piste
cyclable est tout de suite magnifique. La vue y est superbe et donne sur les
plaines et collines environnentes. Nous empruntons une ancienne voie ferrée.
Cela fait partie des journées de vélo qui commencent plutot bien ! Arrivés
à Oakhampton nous nous arretons dans un petit bar pour nous restaurer. Je
prends mon breakfast habituel : Œufs, bacon, toast beurré, haricots
sucrés, arrosé de café, le petit plat idéal pour avaler des kilomètres.
L’estomac remplit nous retrouvons le groupe entier et poursuivons la
« granite way » le long de la « 27 national cycle
network ». La suite du chemin est beaucoup plus valonnée, ce qui rend
notre progression difficile et les arrets fréquents. Le soir approchant nous
nous décidons pour trouver un campement. Nous attrapons au vol une femme
faisant sécher son linge. Nous lui demandons un endroit pour camper, un
cycliste s’approche au meme instant et nous propose immédiatement de venir
poser nos tentes dans son champs. Nous devons faire marche arrière et nous
retaper des kilomètres difficiles. Nous acceptons néanmoins afin d’honorer son
hospitalité. Au prix de nombreux efforts nous arrivons à la ferme du
propriétaire britannique. Sa femme nous acceuille dans un bon français.
Ancienne danseuse au Lido, elle possède une maison en Vendée et use de son
temps pur peaufiner son art en botannique. Son mari est fabriquant de pièces
pour clavecin et est adepte du survivalisme. Il nous offre le thé accompagné de
vin rouge (histoire ne pas trop se dépayser…) et nous montre notre campement.
Nous logerons dans son établi.
Etape 23 (Vendredi 9 Aout) : Sheepwash
Barnstaple (66.9km; 4h10; moy :16.0km/h ;
max : 58.72km/h)
Le réveil fut rude et rude fut la remontée sur le vélo. Nous prenons une
photo du groupe avec nos hotes et nous les remercions pour leur acceuil et leur
sympathie. Après un peu de route, le groupe se voit scindé, nos chemins se
séparent, je continue ma route avec le plus jeune couple. Nous poursuivons donc
au Nord direction Ilfracombe. Après quelques cotes sympathiques, nous
rejoignons le Tarka trail qui emprunte une ancienne voie ferrée. La route est
donc aisée à ce niveau. La mer se rapproche, j’en profite pour photographier
Courlis et huitriers dans une baie, riche pour l’observation des limicoles. La
fatigue se fait sentir mais nous continuons quand meme. La cote est magnifique,
nous décidons de camper le soir dans un champs, le coucher de soleil offre des
couleurs d’une rare beauté.
Etape 24 (Samedi 10 Aout) : Barnstaple South
west coast path (41.51km; 3h24;
moy :12.15km/h ; max : 63.63km/h)
Nous attaquons sans doute une des parties les plus ardues de ce coin
d’Angleterre. La carte topographique ne ment pas, hélas, les montées descentes
y sont dantesques. La South west coast path longe les cotes du parc national
d’Exmoor. Chaque passage dans une baie signifie une descente au niveau de la
mer suivie d’une remontée vers les plateaux situés 400m au dessus. La route se
poursuivant, nous arrivons au fond d’une combe après une descente vertigineuse
de près de 25%. Nous sommes piégés, obligés de remonter l’unique pente opposée
du meme pourcentage. Nous scrutons attentivement la carte topo en espérant y
trouver un chemin annexe. Le chemin cotier nous ouvre les bras et nous nous y
engouffrons fièrement. Le chemin est caillouteux, technique mais bien plus
plaisant. La vue donne directement sur les falaises, magnifique. Nous nous
trouvons un super coin pour camper, la vue sur la mer (Bristol channel) est
superbe.
Etape 25 (Dimanche 11 Aout) : South west coast
path Minehead (56.12km; 3h42;
moy :15.12km/h ; max : 54.92km/h)
Le cri des faucons pélerins m’arrache de mon sommeil. Je déjeune
paisiblement en les regardant s’adonner à toutes sortes de pirouettes
aériennes. Une fois prets, nous descendons très vite et quittons le chemin
cotier. Nous nous retrouvons une nouvelle fois devant un sérieux dilemme devenu
hélas familier. Les pentes à 25% ont le malin plaisir de nous faire déplier la
carte en quete de chemins parallèles moins difficiles. Nous trouvons là encore
un passage détourné ce qui nous permet d’éviter l’accident musculaire ! La montée reste infernale, les termes de
« fou », crachés par la foule de touristes, ne font que pleuvoir sur
nos corps déjà assoifés, et, tel un coup de fouet, ravive nos ardeurs, ce qui
nous permet de gravir cette pente menaçante, à la simple sueur de notre orgueuil. Sur le plateau, la
route semble nous gratifier de nos efforts en s’adoucissant quelque peu.
Nous prenons le temps de respirer.Nous décidons ensuite de continuer sur
Minehead mais la route devient vite ennuyante car beaucoup trop empruntée. Arrivés en ville, je
paie ma tournée et nous profitons d’un peu de musique jouée par un groupe
local. Je quitte Anne et Clément sur la plage au soir et leur souhaite bonne
continuation, ils vont me manquer, c’est sur !.
Etape 26 (Lundi 12 Aout) : Minehead Taunton Plymouth (journée train)
Cette journée illustre de bien belle manière ma nature indécise ! Levé
de bonne heure, je quitte le camping et discute brièvement avec deux
vacanciers. Je leur fait partager ma passion pour la nature sauvage, ceux ci me
conseillent alors les highlands en Ecosse et me certifient que je serais pas
déçu. Dans le doute dès la matinée, je prends la direction de la gare de
Minehead croyant là obtenir un aller direct pour Plymouth. Arrivé à la gare, je
m’aperçois que le train à vapeur (que je croyais etre un artifice pour
touristes) est bien le seul train disponible. Je prends mon billet en hate car
la locomotive siffle (3 fois) et est sur le point de partir. A peine rentré
dans le wagon, le charme opère instantanément. Je me plais à écouter la musique
sifflotante de cet ancetre issu d’une autre époque. Les crachotements de la
locomotive me font revenir au début du 20ième siècle. Arrivé à
Bishop’s lydeard, je remonte sur mon vélo et me dirige vers Taunton. Je trouve
la gare et obtient dans le doute un billet pour Plymouth. Arrivé à destination
le doute m’engoisse. Revenir en France possède une certaine amertume, le billet
pour Glasgow revient quand à lui à plus de 200£. Je patiente dans la gare une
bonne heure pour réfléchir. L’heure vient à s’écouler entièrement, le soir
arrive, je dois me décider. Je reprends la direction de la piste cyclable qui
suit la 27 et me retrouve au meme campement une semaine auparavant. Je
déciderais demain, la nuit porte conseil.
Etape 27 et 28 (Mardi 13 et
mercredi 14 Aout) : Plymouth Glasgow Balloch (journée train+ vélo)
Je me lève aux alentours de 8h ce matin avec la ferme intention de plier
bagages et de monter à bord du ferry direction Roscoff. Déçu au fond de moi de
ne pas poursuivre l’aventure jusqu’au bout (du moins en partie), je change
d’avis. Ainsi arrivé à la gare, je me munis d’un billet pour Glasgow contre la
modique somme de 200£. J’arrive
dans la capitale des Highlands au terme d’un voyage de 10h. Il est 23h, je
pénètre donc dans l’obscurité la plus totale, me dirigeant au hasard dans
l’espoir de trouver refuge pour la nuit déjà bien entammée. Les gens crient,
hurlent, leurs esprits égarés par l’alcool les pousse à communiquer de manière
étrange suite à mon passage… Tout les hébergements sont complets sur Glasgow
cette nuit là. Les réponses négatives s’enchainent de partout, je dois me
résigner à continuer la route dans ce noir d’encre. Bien aidé par mon éclairage
puissant, je m’engage sur les quais et rejoins le canal de Clyde sur le
national cycle n°7. Le trajet est sans encombres, le fléchage est sans accros. Au détour d’un chemin j’aperçois une tete
surmontée de deux oreilles pointues. Trahi par la lumière blafarde des
lampadères, son pelage roux est difficilement observable. Ce renard sera mon compagnon de route pendant
quelques instants. Il se tapit, curieux de s’etre fait repéré, je m’arrete donc
pour l’observer quelques instants. Il semble perdu dans ces décombres de béton
et d’acier, je me sens à cet instant comme son égal. Nous nous séparons en
chemin. Sur la route, je rencontrerai 7 de ces congénaires. J’arrive au loch
Lomond vers 3h du matin et décide de m’y arréter pour établir le campement. Je
trouve un champs et monte la tente en hate, il est 4h du matin, je suis exténué
mais content d’avoir quitté Glasgow ! Je me lève vers 8h, très péniblement.
Je quitte le champ en vitesse car je m’aperçois que je suis tout près d’un
jardin public…
Je prends la direction de Aberfoyle, continuant sur la piste cyclable n°7.
Au loin les highlands me tendent les bras, je me félicite de ma décision de la
veille, effectivement cette vision me ravit. Il est bientôt midi, ma nuit
passée sur le vélo m’a romput les jambes, j’en profite pour m’arréter dans un
camping écossais non loin de la ville, je suis mort mais heureux.
Etape 29 (Jeudi 15 Aout) : Balloch Lock
Venachar (16.81km; 1h22;
moy :12.23km/h ; max : 32.63km/h)
A 8h, des gouttes de pluie frappent ma tente et m’extirpent de mon sommeil.
Trop pressé de me reposer la veille, je m’étais endormi en oubliant de rentrer
une partie de mes affaires à l’intérieur de la tente. Résultat, chaussures et
chaussettes trempées. J’en profite donc pour effectuer lessive et séchage. Je
plie bagages aux alentours de midi et rejoins Aberfoyle pour me remplir la
panse. J’en profite aussi pour me soumettre à la règle commune de tout bon touriste,
acheter des cartes postales. Je déguste du haggis (panse de mouton farcie)
avant d’enfourcher mon vélo pour rejoindre la foret privée de la reine
d’Angleterre. Le chemin forestier est superbe ! J’immortalise mon destrier d’acier tronant fiérement devant une cascade
et me régale de l’ambiance brumeuse qui me submerge. Des percées de lumière
viennent fendre cet océan de brume quelque courts instants. Aurais je un aperçu
du légendaire temps écossais ?
Je découvre de nombreuses plages qui invitent au bivouac, je m’y laisse
tenter aux abords du Loch Venachar. De nombreuses bernaches du Canada semblent
y avoir trouvé refuge. J’allume difficilement un feu et constate amérement la
véracité des dires concernant nos amis les moustiques. A peine la tente dépliée,
ceux ci s’y engouffrent tels des fantassins ailés au combat. Je peine à les
faire déposer les armes et monte la moustiquaire en hate ! La pluie arrive
lentement, je m’endors sur la douce mélodie de ces bernaches qui me rappelle le
Québec.
Espèces observées : Héron cendré, grèbe castagneux, bernaches du
Canada, pinsons des arbres, geai des chenes, balbuzard pecheur.




Etape 30 (Vendredi 16 Aout) : Lock Venachar
Kenmore (77.57km; 4h20; moy :17.89km/h ; max : 53.99km/h)
Je commence la journée par un sourire. Dès l’ouverture de la tente, un
balbuzard file droit vers l’Ouest en rasant le lac comme pour m’indiquer la
direction à suivre. La tente est trempée, ensablée, je n’ai pas le temps de la
laisser sécher et la remballe dans cet état. Je rejoins la ville de Callander
et me rassasie d’un succulent breakfast. La piste cyclable est toujours aussi
agréable, alternant passage techniques et roulant. Les kilomètres s’enchainent
sans grande peine, seule une sévère cote viendra entacher cette sensation de
facilité pour rejoindre les hauteurs. Je décide de faire une pause au bord d’un
lac pour me ravitailler. Un jeune rouge gorge décide de se montrer, son
caractère effronté le distinguant. S’ensuit alors une partie de cache cache
amusante entre lui et moi. Visiblement mon casse croute l’intéresse, il
n’hésite pas à fondre sur moi de manière vivace. Il prendra finalement mon vélo
comme perchoir, je le prends en photo. Je me ferais littéralement agressé plus
tard par une famille à pattes palmées, bien décidée à obtenir les restes de leur
confrère plus frele. Une fois repus, les brigands à plume reprennent leur
chemin, le butin enfoui dans leurs estomacs. Je reprends la piste cyclable sous
la pluie et continue vers le village de Killin. Adossé au pont enjambant le torrent,
je fais la connaissance de deux New Yorkais voyageant à vélo. L’un, d’origine
asiatique, paie sa tournée, nous discutons au soleil, attablés à la terrasse
d’un bar. Je me fais alors assaillir de questions concernant mon équipement
ainsi que mon expérience dans le voyage à vélo. J’enchaine alors avec la
description quasi complète de mon deux roues et, en bon commercial, leur
démontre toute la magie de la transmission Rohloff. Intrigués par cette pièce
d’origine germanique, l’un deux la mitraille de photos sous tous les angles.
Nous discutons ainsi une bonne heure. La bière ingurgitée, nos chemins se
séparent, nous nous souhaitons bonne route ! Les montées descentes
s’enchainent alors tranquillement, la route est très vallonnée à cet endroit.
Je trouve, aux alentours de 18h, un coin honnete pour bivouaquer. La vue sur le
lac est magnifique, des mures sauvages sont légions, délicieux !




Etape 31 (Samedi 17 Aout) : Kenmore Pitlochry (61.82km; 3h09; moy :19.58km/h ; max : 53.09km/h)
Je déjeune en admirant la brume
filtrer au travers des arbres ancrés aux collines. Ce tableau me repose car il
allie d’un coté la rudesse du temps écossais au calme ennivrant de ces landes
perdues. Une fois en selle, l’humeur est au beau fixe. Je n’ai que faire de cette
météo capricieuse, elle participe au contraire au coté magique du pays. Je
continue donc tranquillement sur la voie n°7, la route est peu vallonnée, la
vitesse augmente donc raisonnablement à mesure que la pluie s’intensifie. Au
croisement d’une route, je me fais happer par un cycliste. Casque profilé, vélo
carbone, combinaison de course affublée d’un dossard, je me trouve en plein
milieu d’une course cycliste. Je me prends au jeu et tente de le poursuivre. Je
monte à 40km/h mais rien à faire, le bougre est bien trop rapide ! Ses
poursuivants n’ont de cesse de me doubler. Certains me saluent furtivement,
comme troublés par mon attirail. Je quitte le trajet initial, les officiels de
la course ne tardant pas à m’indiquer la sortie la plus proche. Je croise alors
des coureurs à pied en chemin que je double heureusement bien plus facilement.
Les coups de pédales répétés font hurler ma chaine qui produit alors de manière
toujours plus intensive de bien désagréables croquements. Mes craintes
s’avéreront bien fondées. Je déraille en premier lieu, puis casse un maillon de
la chaine instantanément. Les galères mécaniques commencent ! Je décharge
en hate mon vélo et sors mes outils dans l’espoir de réparer le problème fiçà.
Problème je n’ai aucun maillon de rechange (triste erreur), la panne s’avère
plus complexe sous cet angle ! Deux écossaises viennent à mon secours et
d’une extreme gentillesse essaient de trouver une solution à mon désarroi.
Malheureusement celles ci ne peuvent pas grand chose pour moi. Je les remercie
quand meme. Quelques minutes plus tard, une grosse berline s’arrete à mon
niveau et me propose de me déposer en ville, histoire de trouver un mécanicien.
D’origine allemande, son mari fait parti de la course. Elle me propose de
m’emmener à Aberfeldy, la ville a plus proche. J’accepte volontiers, range mes
affaires en hate dans sa voiture et nous partons gaiement, riant de ma
situation. Arrivés à destination deux nouveaux problèmes viennent obscurcir ce
tableau idyllique. J’ai perdu ma clef antivol pour roue et le boitier de
contrôle du Rohloff ne veut plus s’enclencher. Deux problèmes majeurs ! Je
pars en direction de l’atelier vélo, ma compatriote allemande se charge de
surveiller mes affaires. Je rencontre au passage les deux écossaises qui
m’avait proposé leur aide, l’une d’elle m’offre un gateau et je l’en
remercie ! Arrivé à l’atelier, le jeune mécanicien me propose d’installer
une nouvelle chaine. Une fois installée, quelques coups de pédales suffisent à
me refroidir. Un bruit horrible se fait entendre à chaque tour de roues. Le
mécano ne semble pas comprendre. Je remplace mes axes de roues par des attaches
rapides et tente le coup dans cette configuration. Je retourne saluer et
remercier mon ange gardien de la journée et me dirige vers Pitlochry après m’etre
ravitaillé. La chaine fraichement installée hurle, c’en est horrible. Je ne
peux me permettre de forcer sur les pédales et dois descendre à chaque montée,
craignant la casse automatique et définitve. J’arrive donc péniblement à
Pitlochry et en profite pour prendre en photo un magnifique arc en ciel. Je
dois néanmoins me dépécher, le magasin vélo ferme ses portes dans les minutes
qui viennent. Le mécano examine mon vélo furtivement. Il pénètre dans son
atelier et sort de ses poches quelques maillons identiques à ma chaine
défaillante. La maladie est enrayée immédiatement. Je souhaite payer mais il
n’en est rien ! Je repars avec ses encouragements, en français s’il vous
plait ! Je me trouve un coin pour camper, et rigole à grand cœur de cette
journée qui aurait put mal finir.
Etape 32 (Dimanche 18 Aout) : Pitlochry
Newtownmore (67.95km; 3h54; moy :17.39km/h ; max : 45.42km/h)
Un cincle plongeur vient me dire bonjour tot le matin. Sa bavette blanche
fait reflet dans l’eau, haut perché sur sont galet granitique, cela lui donne
fière allure. Je n’hésite pas à sortir l’appareil photo pour immortaliser cet
instant. Après quelques minutes et dizaines de photo en boite, je prépare mon
départ. Le chemin faisant je rencontre quelques difficultés. La piste est
jonchée de racines, passages avec escaliers, pentes escarpées, une vraie piste
tout terrain. Je peine à avancer et constate avec soulagement que la sortie est
proche. Me voilà à nouveau sur la route, ce qui au final est beaucoup moins
agréable, beaucoup de voitures sont de sortie ce jour là. Je monte plein Nord,
le vent se met à se lever. De plus en plus violent, celui ci met mes nerfs à
rude épreuve, la route devient horrible. A fond sur les pédales, je n’arrive
pas à avancer ! Les voitures me doublent à toute allure sans broncher, je
peste contre cet élément qui s’était révélé jusqu’à présent etre de bonne
compagnie. Le compteur affiche 10km/h, vitesse maximale enregistrée. Je n’ai de
cesse de fixer ce petit boitier plastique dans l’espoir que celui ci ne m’y affiche
de valeurs plus élevées. Mais rien n’y fait, le vent est trop fort aujourd’hui
et les pensées négatives obscurcissent mon esprit. Il faut tenir, ne rien
lacher ! Je m’arrete au bord de la route, lessivé, pour refaire le plein
d’énergie. J’aperçois au loin un cyclo presque autant chargé que moi. Lui aussi
semble pester contre Eole. Il se rend à Kingussie à 30km environ. Malgrès les
efforts, le paysage reste enchanteur, je prends à plusieurs reprises quelque
panorama de ce champ de bataille. Je reprends la route dans l’espoir que le
vent tombe un peu. Revenchard, celui ci souffle de plus belle, peut etre l’ai
je trop insulté ? Mon entrée dans les Highlands marquera pour moi la fin
du calvaire. Le vent tourne, je peux apprécier à sa juste valeur la beauté de
l’endroit. Les énormes montagnes écrasent la route qui se veut discrète. La
puissance qui se dégage de ces monstres de pierre est impressionante. Je
rattrape mon retard en roulant gaiement à près de 40km/h. Un troupeau de
moutons, maitres des lieux un instant, me barrera la route sur un kilomètre.
J’atteins la ville de Newtownmore non sans soulagement et file au camping du coin.
Je paie 2£ la douche pour une minute d’eau chaude… première douche
écossaise !
Etape 33 (Lundi 19 Aout) : Newtownmore
Slochd (62km environ)
Au matin, mon voisin anglais vient discuter avec moi. Celui ci est adepte
de vtt et voyage plutot chargé. Il dispose d’un vélo anglais de la marque
Thorn, cadre acier, moyeu rohloff affublé d’une remorque. Sac à dos sur les
épaules, il se rend à Fort Wiliam empruntant pistes et sentiers. Très
sympathique, je lui souhaite bon voyage. L’heure du départ sonne et je roule
gaiement vent dans le dos, direction Aviemore. En chemin je m’arrete dans une
reserve naturelle dans l’espoir d’observer le fameux lagopède d’Ecosse. Le
chemin est orienté randonnée pedestre, mon vélo est malmené, je me ramasse une
belle gamelle au final. Je fais donc marche arrière, frustré. Je file bon train,
la route est agréable, le traffic routier quasi nul. Je prends mon habituel
breakfast arrivé à Aviemore. Le ventre plein, je reprends la piste cyclable. Je
m’égare sur un terrain de golf. Je n’ose interrompre le swing gracieux d’un
octogénaire écossais et attend patiemment le signal de son frère d’arme pour
passer. Je rebrousse finalement le chemin et prends enfin la bonne direction.
Je pénètre alors dans un univers enchanteresque parsemé de fleurs violettes où
les montagnes environnentes semblent y plonger. Je photographie avec
empressement ce paysage. Je discuterais plus loin avec 3 indiens de Bombay, étudiants
à Newcastle dans l’ingénieurie marine, étonnés de voir un français parler (un
peu) anglais. La conversation finie, je prends la direction de Carrbridge.
Arrivé à destination, je fais le plein d’eau, l’objectif étant de camper le
soir en montagne. Je passe le pont de Sludge, repère quelques coins mais
préfère continuer. Après de nombreuses montées descentes, je franchis une
barrière menant à un chemin privé, ce qui me permet d’accéder en un lieu que j’éspère
garni de lagopèdes. Je monte la tente, repère les lieux et fait décoller le
volatile tant attendu. Il fait quasiment nuit, demain je fais chauffer
l’appareil photo !
Etape 34 (Mardi 20 Aout) : Slochd Dingwall (84.84km; 4h35; moy :18.49km/h ; max : 65.29km/h)
Le chant des lagopèdes me réveille tot le matin. Je prends aussitôt
l’appareil photo et tente ma chance. Je retourne donc au coin où un groupe
s’était enfui la veille. Plantés au meme endroit, bien cachés dans la bruyère,
les voilà qui décollent les uns après les autres au fur et à mesure de mon
avancée. Ainsi, pas après pas, je desespère de ne pouvoir en photographier n’en
serait ce qu’un. Je redescend au niveau de ma tente, dépité. Des bruits de
moteur se font alors entendre. Une troupe de Land rover gravit lentement mais
surement la piste dans ma direction. Arrivés à ma portée, les conducteurs
m’adressent un salut courtois. Je décide de lever le camp, aucune chance de
retenter l’observation du précieux gallinacé dans ces conditions. Je sors donc
de la piste forestière et rejoins alors le goudron.Vent dans le dos, je roule à
vive allure et arrive sur un site préhistorique (les tombes de Carn), parfait
pour la pause de midi. La capitale des Highlands me tend les bras. L’arrivée à
Inverness me déçoit quelque peu. La ville ne brille pas pas son architecture et
me laisse sur ma faim. Je m’arrète dans un café dédié à la bicyclette. La pièce
derrière le comptoir donne sur un atelier vélo que je m’empresse de rejoindre.
Je fais graisser ma chaine et repars tranquillement. Je passe le pont qui
enjambe le Ness et file vers Dingwall à 20 km. Je file au camping et m’y
installe, la pluie se met à tomber !
Espèces observées : Faucons crecerelles, lagopèdes d’Ecosse.
Etape 35 (Mercredi 21 Aout) : Dingwall
Morangie (64.06km; 3h18; moy :19.33km/h ; max : 46.88km/h)
Je tarde à quitter le camping au matin, assailli de questions pas de
nombreux touristes, fort intrigués de mon parcours. Je commence donc à pédaler
sur les coups de midi et profite d’un coup de pouce de la part d’Eole pour
filer comme un diable sur la route. Je prends ma pause vers 14h et attaque une
sérieuse sieste, carressé par la douce chaleur du soleil. Bien reposé, j’arrive
dans la ville de Tain et prends la mauvaise direction. Je fais donc demi tour
et rage contre ce fléchage aléatoire qui m’a déjà joué de nombreux mauvais
tours. Je m’arrete finalement non loin de Morangie et trouve un hébergement. Je
rencontre un cyclocampeur terminant la célèbre boucle Cornwall john O’Groats.
Avec une moyenne de 160km par jour, il bouclera son périple en seulement 11
jours. Ma tente est située entre la voie ferrée et la route respectivement
espacées d’une vingtaine de mètres environ. Chaque passage de train provoque un
soubresaut tel que je bondis de mon duvet… Le bivouac idéal en somme…
Etape 36 (Jeudi 22 Aout) : Morangie
Atlanaharra (83.65km; 4h09; moy :20.11km/h ; max : 50.90km/h)
Mon collègue cycliste se réveilla beaucoup plus tot que moi, au matin, ses
affaires avaient déjà disparues. Il n’y aura donc pas d’encouragements mutuels
ce jour là. Remonté sur mon vélo, je passe à coté des chutes de Shin et
emprunte une route étroite, à peine plus large qu’un gabarit de voiture. Les
passages de croisement de véhicules sont signalés tous les 500m sur cette
« single track ». A ce niveau, le paysage me donne un gout amer. Les forets sont dévastées, les nombreuses
coupes à blanc trahissent le sombre dessein de l’homme moderne.
Quelques kilomètres avalés, je
retrouve des paysages plus réconfortants. L’impression d’immensité me gagne à
nouveau et je m’en réjouis. Un épais manteau de brume coiffe tel un couvre chef
le crane dégarni d’un colosse de granit. Cette vision est magnifique.
Arrivé à Altnaharra, j’en profite pour faire le plein d’eau et me trouve un
campement à quelques dizaines de mètres de la route. Avançant péniblement dans
la tourbe, je peine à avancer et repère un substrat rocheux providenciel. Je
décide de m’y établir. Un jeune cerf fait son aparition, intrigué de voir un
bipède dans de pareils lieux. Il s’en ira tranquillement, en ricanant surement.
Le vent souffle fort et mène la vie dure à ma tente qui plie sous ses assauts
répétés.




Etape 37 (Vendredi 23 Aout) : Atlanaharra
Thurso (104km)
Je me réveille inquiet. J’ouvre les yeux et crois entendre le bruit de
gouttelettes d’eau frappant les parois de ma tente. Le soleil frappe pourtant
assez fort, rien ne présage l’arrivée d’averses ! Derrière mon filet
moustiquaire, une nuée de prétendants attend patiemment l’occasion de pénétrer
mon abri. Je sors alors en vitesse, résigné, me faisant littéralement agressé.
Je ne peux combattre, obligé de céder sous la pression démoniaque de ces diables
ailés. Je prépare mon bardat et fuis le champ de bataille en déserteur. Arrivé
sur le bord de la route, les fantassins victorieux me harcèlent à nouveau comme
pour célèbrer à tout jamais ma profonde défaite. Je savoure ma retraite par
quelques belles cotes qui me segmentent les cuisses. Je poursuis la route
jusqu’à Tongue et entame à ce niveau la route cotière. Le passage du Loch Loyal
est magnifique ! Arrivé à Bettyhill, je m’offre un bon repas. Je croise un
groupe de cyclos revenant des Shetlands. Nous discutons un peu de nos parcours
respectifs utilisant à outrance de qualificatifs dithyrambiques concernant les
paysages. La route devient ensuite très vallonnée, la prise de vitesse devient
obligatoire en descente pour soulager les cuisses lors des montées. Arrivé à
Strathy la route redevient calme. Je croise un jeune couple à vélo au bord de
la route. L’un d’eux a un souci mécanique, nous ferons un bout de route
ensemble, cependant je décide de continuer à mon rythme chemin faisant.
J’arrive péniblement à Thurso et prends la direction de Scrabster dans
l’optique de trouver un campement à coté du port d’embarquement. Je prends le
ferry demain direction les iles Orkney.




Etape 38 (Samedi 24 Aout) : Thurso Stromness
Kirkwall (45km)
J’embarque tot le matin direction Stromness pour les iles Orkney. Le billet
me coute 60£ l’aller à destination des Shetlands. Le départ de Kirkwall est
prévu pour 23h45, arrivée prévue à Lerwick à 7h30 du matin. La journée promet
d’etre remplie ! Le trajet Scrabster Stromness durera 1h30 environ, j’en
profite pour prendre en photo les quelques fulmars boréaux et fous de bassan
approchant le bateau durant la traversée. Une fois débarqué sur les iles
Orkney, je prends directement la direction de Kirkwall. L’ile ne possède quasiment
pas de relief mais elle vaut le détour. Je m’arrete au niveau des falaises et
repère quelques coins susceptibles d’héberger des lagopèdes. J’en repère un
groupe mais échoue là aussi à les mettre en boite. Je me défoule alors sur les
oiseaux cotiers (fulmars et goélands) et ramène queques bons clichés. Je me
rends ensuite au port d’embarquement à Kirkwall et patiente dehors, les
Shetlands ne sont plus qu’à quelques miles nautiques…O joie !


Etape 39 (Dimanche 25 Aout) : Kirkwall Lerwick
Brae (45.16km; 2h22; moy :19.07km/h ; max : 72.40km/h)
L’attente fut longue (près de 5h). Le bateau arrive avec 30 minutes de
retard, j’espère avoir une cabine pour me reposer un peu car je commence
sérieusement à fatiguer. A ma grande déception, je constate qu’en guise de lit,
il m’est attribué un vulgaire siège inclinable, très inconfortable au
demeurant. La nuit fut alors très courte, l’arrivée à lerwick se fait dans le
brouillard ce qui ne me change guère vu mon état. Ce simple brouillard se
transforme en véritable purée de poix, je remercie à nouveau le puissant
éclairage équipant mon vélo et entame sans repère ma route au cœur de la ville
portuaire située la plus au Nord de la Grande bretagne. Lerwick possède un
charme insoupçonné. Le brouillard lui donne une ambiance mystique, les adeptes
de la littérature de Sherlock Holmes comprendront… Au fur et à mesure de la
route, la fatigue commence à se faire ressentir. Cependant l’envie d’avancer
est trop tentante, la route est superbe, le moral est bon, je suis enfin aux Shetlands.
Les montagnes sont nombreuses, les étendues vastes, les lacs sont légions. Au
détour d’une route, deux cygnes chanteurs se reposent paisiblement au beau
milieu d’un lac. Je rejoins la ville de Brae, enchanté de cette vision et me
régale d’un fish’n’chips (au Haddock frais du matin) et me trouve un coin où
camper. Une belge à vélo deviendra ma colocataire des lieux pour la journée. Au
port, sternes caugek et labbes parasite satisferont ma soif ornithologique du
moment, et ce jusqu’au coucher du soleil. Première journée réussie aux
Shetlands !


Etape 40 (Lundi 26 Aout) : Brae Hermaness (73.48km; 3h47; moy :19.34km/h ; max : 63.43km/h)
Je dis au revoir à la belge tot le matin et file à vive allure, vent dans
le dos, direction Muckle flugga, la cote la plus au nord du Royaume Uni. A
Grabster je prends un ferry pour rejoindre l’ile de Yell puis un second pour
l’ile d’Unst. Les paysages sont magnifiques, la végétation rase offrant une vue
permanente sur la mer. Je passe Baltasound puis Haroldswick, un magnifique
drakkar me signale que je suis ici en terre viking. Je pénètre enfin dans la
réserve ornithologique de Hermaness. Le phare de Muckle flugga pointe haut vers
le ciel comme pour m’indiquer le chemin. La montée est rude ! Une des plus
grande colonies de Grands labbe y est présente. Peu farouches, j’obtiens de
belles photos. J’arrive au bord des falaises, la vue y est splendide, peut etre
une des plus belles qui m’ait été donné de voir. Des miliers de fous de bassan
virevoltent, voltigent tels des acrobates de plumes. Ce spectacle me ravit, je
reste là à les observer, ébahis à chaque instant. Le macareux moine reste
absent et n’offre aucune représentation ce jour là, suis je arrivé trop en
retard ?


Etape 41 (Mardi 27 Aout) : Hermaness
Baltasound
La nuit fut laborieuse. Le vent, très violent, a joué les troubles fetes
toute la nuit durant. Ma tente fut malmenée, cédant parfois aux assauts répétés
des airs, ce qui me fallut une belle insomnie. Dès l’ouverture de ma tente, je
constate qu’un brouillard énorme très dense est maitre des lieux. Impossible de
voir à plus de 10m. J’aperçois une silhouette toute particulière plonger à
toute allure dans la falaise. Un macareux moine est passé tout près. Je
reprends donc espoir et persiste dans la brume jusqu’à 11h30. Transi de froid,
les pieds trempés, je commence à plier bagages, résigné. A peine la tente
démontée, le brouillard se dissipe et me permet de redécouvrir la vue
impressionante de la veille. J’observe plusieurs macareux. Je repère un bon
emplacement et me poste de manière stratégique. Ma position est la bonne, un
individu se pose à quelque mètres de moi, j’en profite pour faire chauffer le
boitier photo. Je constate amèrement que mon boitier crachote et donne quelque
signes de faiblesse. Mon boitier se bloque et refuse de prendre des photos. Je
peste, j’enrage, mais rien n’y fait ! Je
me contente alors d’observer et de profiter de ce spectacle sans pareil dans la
plus simple expression.